La route des Rois

La route des Rois – la « Tariq al-Sultani » – serpente dans les djebels qui séparent la mer Morte des hauts plateaux désertiques, sur près de 1200 kilomètres.  Tantôt route des Philistins, via Maris, via Traiana Novaou ou encore route du Levant, la route des Rois est un carrefour où donnent rendez-vous les Hommes à l’Histoire, l’Orient à l’Occident. Elle salue les pèlerins en route pour Jérusalem ou la Mecque. Elle se rappelle de la Grande Révolte conduite par Lawrence d’Arabie, frôle depuis la nuit des temps les tentes en poils de chèvre des campements des bédouins, s’abandonne au fond des gorges creusées par les « wadis » qu’elle traverse par des gués fleuris, franchit des terres brûlées par le soleil du zénith qui n’hésite pas à terrasser l’Est par l’Ouest.

La route des Rois est une route fière et suspendue aussi. Une route où l’âne reste debout malgré le vent violent qui le somme de se coucher.

Dans cette partie du monde, la guerre récente y a laissé une marque indélébile, augmentant la gravité déjà imposée par le poids de l’Histoire et des vieilles pierres. Cependant, la vie persiste, ou du moins elle tente de le faire. Chaque lever de soleil est soit un espoir soit une détresse, un sommet ou un déclin, une naissance ou une mort. Cette route est un lien fragile entre deux mondes, un symbole poignant de la quête de la « vie malgré tout ». Elle est un écho silencieux des conflits passés, et pourtant, elle demeure un chemin de résilience et d’espoir pour ceux qui s’y aventurent.